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Nao-Asakura's world
1 mai 2007

Kaamelott ou le premier pas vers le cinéma

excalibur_fondecran

Forcément hier soir, en me mettant devant la TV à 20h40 (j'avais préféré prévoir large, des fois que), j'avais un a priori favorable, exprimé à grand coup de petits cris surexcités et autres battements de mains incontrôlés.

Et puis, ça commence. Kaamelott, livre V, en action, dans la neige et la forêt, générique sobre (juste les noms qui s'affichent au fur et à mesure), musique parfaite. C'est une des choses qui changent énormément : l'absence de (l'énervant) générique au cor de chasse (ou approchant) qui scande chaque épisode habituellement.

Dès le début ce qui saute aux yeux c'est une fluidité nouvelle, tant dans la manière de filmer (avec surtout les magnifiques décors en extérieur), que dans l'enchaînement des « scènes », à défaut de meilleur mot, qui se suivent non pas comme des petits épisodes isolés mais comme des moments d'un tout, d'une grande histoire.

L'autre grand changement c'est la noirceur nouvelle, l'atmosphère qui règne au royaume de Logres et dans l'écriture d'Astier. On sent s'épanouir quelque chose que je me risquerai à appeler de la maturité... Un nouveau format, et surtout une histoire. Dramatique, épique et même mystique par moments avec le mystérieux homme en noir qui conseille Lancelot (l'entraînant sur le côté obscur de la force...?)

Il y a surtout une esthétique nouvelle (qui tendait déjà à se développer dans le livre IV), faite de costumes et de décors parfaits (un brin trop symboliques parfois... Lancelot en blanc, Arthur en noir... de plus en plus noir, bien loin des costumes rouges du livre I), en accord avec l'aspect nettement plus cinématographique de l'ensemble.

Il reste très peu des scories que l'on trouvait partout dans les premiers épisodes : disparues les scènes d'action un peu risibles, presque plus de mise en abyme de l'écriture (procédé comique sympa, mais qui casse l'élan épique d'une histoire, c'est bien mais sans en abuser disons...) ; un peu toutefois avec le roi Loth qui auto-analyse ses diatribes, et le duc d'Aquitaine - Alain Chabat (un régal) qui pseudo-philosophe à tout va...

A ce stade vous me direz : « et l'humour? », car qui dit Kaamelott dit humour. Il y en a, mais pas le même que dans les épisodes courts. Fatalement d'aucuns crieront au désastre, à l'hérésie (mais ont-ils seulement le droit?), mais je ne pense pas que ce soit un défaut, loin de là. Le ressort central de la série courte, ce sont des gags à répétition, des abus de langage et des situations parodiques et caricaturales mais toujours inattendues... Pour faire un film (ou apparenté) qui tienne la route, il fallait adapter, faire dans la finesse et la durée.

Il reste donc les dialogues ciselés d'Astier et ces réparties toujours cinglantes qui fusent à tout bout de champ ; Arthur et ses mimiques (choupi ♥) ; des personnages secondaires tous plus cons les uns que les autres, des jeux de mots très nuls (certes pas assez nombreux, mais bon, le monde n'est pas peuplé QUE de débiles) (Yvain et Gauvain poursuivis selon eux par un loup traversent une mini-rivière. Yvain: « Non, c'est bon, les loups sont dans l'incapacité physique de traverser les cours d'eau. » Gauvain : « Ah oui, c'est vrai, ils sont hydro bloquants, j'oubliais... ») ; des petits éléments récurrents ( les citations latines absurdes du roi Loth)...

Mais tout repose surtout, à mon sens, sur le plaisir de retrouver des personnages connus, des lieux aussi, bien que l'ensemble glisse lentement vers la tragédie... Un roi Arthur un peu absent qui remet en jeu son titre en replantant l'épée dans le rocher ;un Lancelot prêt à tout, à moitié fou dans sa grotte, qui fait des rêves diablement angoissants ; le délitement de la Table Ronde, soit à cause des traîtres, soit à cause de la formation de clans autonomes (improbables et comiques, certes, mais toujours emmerdant pour la quête du Graal)...
Et Arthur sait bien qu'il ne fait pas ce qu'il faut -- un moment parfait : quand sa femme, après un démarrage laborieux, lui résume parfaitement en une phrase toutes les conneries qu'il a faites jusqu'à présent, en opposition totale avec sa mission, il lui dit en gros qu'elle raconte n'importe quoi et qu'elle a qu'a mieux formuler ses phrases...

Et des non-dits magnifiques, principalement centrés autour d'Arthur et du respect que lui portent divers personnages, parfois contre toute attente : Perceval, qui refuse de songer même à tenter de retirer l'épée du rocher ( c'est le meilleur Perceval, le plus loyal, loyal jusqu'à l'absurde) et qui oblige Caradoc à ne pas tenter non plus ; mais aussi Léodagan, qui clame partout qu'il a essayé, mais qui laisse en fait planer le doute... et même Lancelot, malgré la haine qu'il voue à Arthur, refusant les maléfiques propositions de l'homme en noir.

Un homme en noir à la fois admirable et ridicule : il récite son texte, il énerve, on est pas sûr que ce soit un bon acteur... et puis il intrigue, il inquiète ... la récitation, le ton monocorde ajoute à la voix profonde, magnifique, et ses propos prennent une autre dimension.

Pour finir je dirai... merci et bravo, Astier-Arthur (on ne sait même plus trop)... Je suis encore plus fan, si c'est possible, et je crois encore davantage en la réussite future du film Kaamelott... Vivement 2010!

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