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Nao-Asakura's world
26 janvier 2008

Sweeney Todd, une vengeance artistique

Un nouveau film de la part de l'allumé Tim Burton, c'est tout un événement, d'autant plus quand il renoue avec ce style baroque et sanglant, qui fait, entre autres, que je l'aime, et quand le héros se trouve être le torturé Johnny Depp. Parce que Charlie et la chocolaterie, c'est bien, certes, mais c'est peut être un peu trop clinquant, trop sucré.

Étonnamment, Sweeney Todd commence quasiment sur les mêmes plans que Charlie..., le chocolat remplacé par du sang, rouge et visqueux, du sang de théâtre en somme. Puis on découvre la ville, Londres du XIXème, fumeuse, sombre, glauque. Décrite à travers une chanson. Là, on se crispe un peu, comme tout spectateur peu habitué aux comédies musicales, mais on se retient, on attend que tout se mette en place.

sweeney_todd

L'histoire, simplissime, est celle de la vengeance de Benjamin Barker, envoyé au bagne bien que son seul crime fût d'avoir une jolie femme, qui attise les convoitises du michant juge Turpin -- sa femme s'empoisonne, sa fille est enfermée par le juge. Barker revient à Londres, après s'être évadé du bagne (je passe sur la référence douteuse), coupe de cheveux à la Ichabod Crane, la mèche blanche en plus, l'oeil blafard, animé d'un désir de vengeance absolu, il devient Sweeney Todd. Aidé par une amie toquée amoureuse de lui, il renoue avec son ancien métier et se met à assassiner à tour de bras, les cadavres disparaissant dans les "meatpies", les tourtes à la viande de l'adorablement maligne Mrs Lovett (Helena Bonham Carter).

Ce qui frappe, au-delà de l'aspect comédie musicale, qu'on oublie très vite tellement tout semble normal, réglé, agencé à la manière d'une tragédie, c'est la perfection du langage. Parfois, on oublie comment les dialogues d'un film peuvent être intelligent et sonner juste. En version originale c'est merveilleux, ça rime, des mots puissants, étonnants, châtiés ou populaires, parfaitement anglais.
sweeney_todd_and_mrs_lovettJohnny Depp, même si niveau chanson c'est bien, mais pas extraordinaire, nous gratifie en ce qui concerne l'accent d'une de ces compositions dont il a le secret ; mais la réelle surprise vocale c'est Helena Boham Carter. au début, avec les cheveux frisés et le teint pale, je lui trouvais un faux air de Marla Singer échappé de Fight Club, mais ça s'oublie très vite tant elle investit son rôle -- Mrs Lovett, toute à sa folie bien personnelle, extériorisant ses sentiments quand Sweeney Todd ne fait que prétendre ou se morfondre dans son désir de vengeance -- et quand elle se met à chanter pour raconter la légende du barbier de Fleet Street et ce qui est arrivé à sa femme, on est entraîné, et on ne peut que saluer l'artiste.

La seconde chose qui frappe, c'est l'aspect gore du film. Certes, c'est pour ça que Tim Burton est connu (cf. Sleepy Hollow), et l'histoire est celle d'un meurtrier, comme nous le rappelle subtilement le sous-titre du film (the demon barber of Fleet Street - le diabolique barbier de Fleet Street), mais au premier égorgé, on se dit "my... que c'est sanglant!" Et puis l'humour (très) macabre du réalisateur prend le dessus, et les meurtres sont étouffés par cette valse frénétique, cette histoire de tourtes et le côté grand guignol du film. le sang est bien trop rouge, il gicle trop facilement, comme pour symboliser la joie que ressent Sweeney Todd à ces moments-là seulement.

Sweeney_Todd_now_my_arm_is_completeUn héros tout en intériorisation, qui à un seul moment s'envole véritablement dans une longue tirade musicale, "I will have vengeance. I will have salvation..." -- en pleine rue, il désigne tour à tour les passants de sa lame (son bras terminé de son rasoir, référence, forcément, à Edward aux mains d'argent, "Now my arm is complete"), futurs clients potentiels, sourire aux lèvres. Mais bien vite tout ça disparaît, il n'a pas bougé de la pièce dans laquelle il se trouvait.
Un héros qui ne sourit quasiment jamais. Un héros éteint, qui s'anime uniquement quand il tranche la gorge de ses clients, ou quand il médite sur la mort future du juge Turpin, dans le reflet courbe de sa lame ou dans celui, brisé, d'un miroir crasseux. Johnny Depp est pour une fois étonnamment sobre dans son jeu -- rien qu'avec les yeux, il dit tout ce qu'une longue phrase signifierait.

Perfection plastique, dans cet univers à la fois sombre et traversé de touches lumineuses, colorées -- outre le sang, bien sûr -- comme dans ce rêve d'un avenir romancé, chanté par Mrs Lovett, surchargé de couleurs, impossible.
Perfection dans l'histoire? Peut être un peu simpliste, un peu minimaliste, qu'importe en fin de compte, ça évite un éparpillement hollywoodien. la fin aurait pu sembler ridicule, elle est tellement bien amenée, sous-entendue dans chaque partie du film, qu'elle passe, totalement acceptée. C'est horrible, c'est ce qu'on attendait, en quelque sorte.

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Commentaires
M
muuuh faut trop (trooop troooop...) que j'aille le voir !!!!! (mais quand T-T)♥♥♥
Nao-Asakura's world
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