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Nao-Asakura's world
3 novembre 2008

"Every dog has its day"

Après une heure et quelques de cruauté, de boucherie, de blagues nulles et de musique des années 60, après le “wow” d’usage, ce qui reste c’est l’impression tenace d’avoir vu quelque chose de grand. Bizarre, critiquable à bien des égards, “Tarantinesque”, mais néanmoins “grand”.

Pour resituer le contexte de visionnage, disons que j’avais ce film sur mon PC depuis quelques temps, en VO sans sous-titres, et je ne me décidais pas à le regarder. Un soir, au milieu de ce grand week-end de la Toussaint, sur de coup de minuit, je me lance. Sans filet en anglais, c’est violent, mais j’aime les accents, et l’argot américain est une langue comme une autre, après tout. Alors ça passe. Et puis j’ai un syndrome qui m’oblige à ne regarder les films de Tarantino qu’à des heures incertaines et excessivement tardives. Le syndrome du Tarantino nocturne…

Quant au film en lui-même, Reservoir Dogs, c’est le premier Tarantino, un des premiers films de Buscemi et de Tim Roth, un grand moment de cinéma incompris, sorti en 1992.

Attention lecteur, ce qui suit dévoile tout ou partie de l’œuvre sus citée, hehe.

Reservoir_Dogs

La construction, de même que la mise en scène, est à la fois simplissime et recherchée. Un braquage de bijouterie qui tourne mal, une retraite chaotique dans un entrepôt désaffecté, la suspicion et la recherche dans leurs rangs du “rat” qui les a balancés. Mr. Orange qui passe deux heures à crever en se vidant de son sang.

La trame principale, dans l’entrepôt, est digne d’une pièce de théâtre ; toute l’action est concentrée dans une seule pièce – la scène dans la salle de bain pourrait être considérée comme un aparté  sur un bout de la scène – les objets présents sont réduits au strict minimum et c’est la parole – accusatrice, mensongère – qui l’emporte sur l’action (à l’exception de la scène de la torture).

La mise en scène et les jeux de caméra renforcent encore ce sentiment de théâtralité, optant pour des plans étonnants, à la fois lointains et centrés sur un détail, un personnage. Comme si le spectateur était bel et bien remis à sa place de spectateur – celui qui voit, mais de loin.

reservoirdogs

L’ensemble est rythmé par les entrées et les sorties des divers protagonistes, qui de fait ont tout de personnages de théâtre. Chacun des gangsters porte un “nom de scène”, une couleur, préservant son anonymat aux yeux des autres.

Les personnages sont creux, déshumanisés, stéréotypés. Ils agissent selon un code de valeurs, une morale qui leur est propre, mais qui pour l’œil extérieur du spectateur apparait comme immorale ; mais aussi peut-être humoristique, de l’humour très noir, pour sûr… (“You kill anybody?”/“A few cops.”/“No real people?”/“Just cops.”)

Parallèlement à cette trame s’insèrent de multiples flashbacks, chacun centré sur un personnage différent ou sur un élément de la préparation du coup. Comme un puzzle dont les pièces s’emboîteraient petit à petit pour nous permettre de mieux cerner les protagonistes et ainsi de démêler l’intrigue.

Comme je l’ai dit tout ce film est totalement cruel, immoral et sordide, et c’est pour ça qu’il est chouette. Pas pour la violence en elle-même, il y a bien trop de films qui se complaisent à montrer de la violence pure au premier degré, ça en devient gerbant. Ici c’est plus insidieux, artistique même. Comme cette mythique scène de torture sur fond de “Stuck in the Middle” des Stealers Wheel, une chanson pop totalement décalée par rapport à la situation présente ; un arrachage d’oreille, une presque crémation en direct sur la personne d’un flic qui a mal choisi son jour…

Toute la fin du film découle de ce décalage entre la morale réelle du flic infiltré parmi les gangters et de sa morale factice, travaillée comme un acteur apprend son texte. Contrairement aux autres, il n’est pas un “professionnel”, il a des sentiments et c’est ce qui le trahit, et le perd. Le plus retors survit, sélection naturelle en gros. Pour une fois que Steve Buscemi n’est pas le premier à crever !

df941114_reservoir_dogs

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Commentaires
D
Bonjour, ce film de Tarantino est le premier que j'ai vu à l'époque de sa sortie. C'est à mon avis, son meilleur (avec Jackie Brown). L'histoire est originale avec ces personnages au nom de couleur. C'est violent mais non dénué d'humour. Il faut prendre ce film au 2nd degré. Une réussite. Bonne journée.
K
Oui mais alors c'est quoi le vrai sens de Like a Virgin??
Nao-Asakura's world
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