Ramble On
Led Zeppelin... C’est le “mythe” de Stairway To Heaven, c’est la découverte, pour moi, du reste du Led Zeppelin IV à Strasbourg. Un de mes premiers vinyles aussi. Led Zeppelin c’est tout le reste. Tout ce qu’il y a avant le Four Symbols. Ce qu’il y a après aussi. Et les lives... les lives...
Un écoutage massif, acharné, perpétuel, désespéré du Led Zep II. A cause d’une fanfic au début de l’été – comme souvent. A cause de Ramble On, à cause de Dean. Plaisir musical, futilités. Après tout c’est ce qui compte au final. Le sens que ces chansons écrites et enregistrées – ressenties – il y a plus de 40 ans peuvent encore avoir pour moi, pour nous. A propos de nos vies, nos peurs, nos amours.
Le Led Zep II, c’est celui que Dean peut écouter ad nauseam, en boucle, pendant des jours, sans faillir, à ce que l’on raconte (et le plus trippant c’est que ça c’était dans une fanfic, mais le canon a reconnu cet amour pour le II avec l’aveu, dans The Monster At The End Of This Book, que sa chanson préférée c’est Ramble On – et aussi Travelling Riverside Blues).
C’est aussi celui que j’ai moi-même écouté pendant des semaines sans discontinuer et que je cite sur mes enveloppes et que j’ai encore remis hier soir. Le II, étonnamment, c’est principalement des chansons d’amour, au sens pur du terme, au sens où ça parle de la vie, ça parle à tous, en terme à la fois poétiques et simples. C’est ce qu’il y a de bien avec les chansons de Led Zeppelin, c’est à la fois très simple, plein, aride, même, et tellement harmonieux, complexe, pensé, par d’autres côtés.
On ne peut pas ne pas leur reconnaitre une certaine part de génie, ne pas les compter parmi les “grands”... (Mais qu’est-ce que ça veut dire, car pour moi les grands sont ceux qui me touchent plus profondément que les autres.) C’est tellement plus sensible, à bien des égards, que l’image déformée qu’on peut en avoir de nos jours. Les plus belles chansons sont peut être les plus simples, les plus vraies – les plus méconnues. Tangerine, Thank You, Since I’ve Been Loving You...
Led Zeppelin III c’est Immigrant Song, à cause de Life On Mars. C’est toujours bon d’en arriver à écouter un groupe grâce à un support – livre, fanfic, série, film. Ça fait un genre d’aide mémoire sentimental pour retrouver cette impression fugace de la première écoute. La révélation. Parfois ça prend des dizaines d’écoutes, avant d’accrocher. Parfois ça ne prend pas, quoi qu’on y fasse (Beatles). Parfois il faut insister et on découvre toujours un peu plus de ce groupe qu’on avait jugé trop vite, où qu’on n’écoutait pas avec la bonne “configuration mentale” (The Rolling Stones, Metallica).
Ce genre de groupes – Led Zeppelin, Deep Purple – avec un rythme omniprésent et une justesse infaillible dans les paroles, c’est plaisant, mais ça peut rendre fou ; à trop les écouter, on se retrouve à entendre du rythme partout, dans le roulement du métro, dans le cliquetis des touches, dans la vie banale et morne. On pense en chansons, on pense rythmiquement. On est au cœur, il n’y a plus que la musique.
J’aime, et depuis toujours, associer mes écoutes – mes lubies musicales, mes obsessions plus ou moins prolongées – avec une période – de ma vie, de l’année. Une saison. Led Zeppelin, ça restera toujours l’été, pour moi. Même si je peux très bien l’écouter en hiver. Tout comme Johnny Cash, que j’écoute encore parfois quand l’envie me reprend, restera à jamais intimement lié à l’hiver, à Aix, aux pavés humides, aux partiels, à la neige. (A Supernatural.) Chaque fois que je réécouterai les Pogues je pense que j’aurai ce sursaut de plaisir nostalgique, un bref éclair, un instant fragmenté où je pense “je les ai vus en concert, et c’était magique...”