Cowboy Bebop – 8 ans plus tard
Il y a huit ans de ça, en 2001, j’ai eu une télé, c’était en février. J’ai regardé Buffy, et Sliders, et après il y a eu l’été, et Canal + a passé Cowboy Bebop en clair. J’ai pris le truc en cours, mais j’ai adoré. C’était tellement différent de tout ce que j’avais pu voir jusqu'alors. C’était le premier anime que je voyais, et je l'ai regardé principalement pour la nouveauté, pour emmerder ma mère aussi, qui dénigrait ces “machins japonais”... Parce que pour elle les “manga” c’était forcément violent et mal dessiné.
Moi je dirais plutôt que c’est un genre à part, une autre
culture, une autre façon de concevoir l’animation. Et il faut dire que pour un
premier anime je suis tombée sur ce qu’il me fallait... De l’humour, de l’action,
de la violence, des intrigues... intrigantes et des personnages plus qu’attachants.
Le premier épisode que j’ai vu, c’était celui où Spike et Jet retournent sur
Terre, dans un musée en ruines, pour récupéré un magnétoscope afin de lire une
k7 vidéo qui date du passé, de l’époque de Faye, laquelle n’a plus de
souvenirs... Le second c’était Wild
Horses, où Spike est en panne de moteur en orbite autour d’une planète
désertique, le seul épisode où on le voit sourire, quasiment.
Et j’ai été bluffée, scotchée, je suis restée bouche bée devant cette vision du futur, cette Terre détruite, la Lune en morceaux, les vaisseaux, les villes, les gens. C’était complet, un autre monde, un futur, morne et en même temps plein de vie. Un western de science-fiction. Un genre à part.
En 2001, j’avais seulement vu les quelques épisodes de la fin – fin que j’avais totalement effacée de ma mémoire, et que j’ai revu avec d’autant plus d’appréhension et de plaisir – et puis c’était tout, et Canal + a enchainé sur Vision d’Escaflowne, et comme en 2001 j’avais 13 ans, j’ai regardé, aussi, et j’ai aimé, aussi, mais pas pour les mêmes raisons.
Et aujourd’hui, été 2009, j’ai décidé de tout revoir. J’ai ressorti mes divix, des trucs que j’avais depuis que j’ai eu internet, c’est dire à quel point cette série m’avait marquée, et que je n’avais pas revus depuis. Le début c’était quasiment de l’inédit, autant dire que je me suis régalée.
Parce qu’une série créée en 1999, on aurait pu croire qu’elle aurait mal vieilli, que le propos serait devenu difficile à avaler, que les designs se feraient vieux et mauvais. Et pourtant, et pourtant... N’en déplaise à ceux qui disent qu’on a fait mille fois mieux depuis, n’en déplaise à ceux qui diront que j’aime cette série à cause de la résonance sentimentale qu’elle a pour moi, Cowboy Bebop et Shin'ichirō Watanabe sont un des meilleurs trucs qui soient arrivés à l’animation japonaise.
Commençons par les décors, le setting, de la série. La Terre
est abandonnée, il pleut des météorites en permanence, la Lune est brisée,
détruite par une Gate qui a explosé, il y a de cela des décennies. Le système
solaire est vastement colonisé, et les hommes se sont établis un peu partout. Ils
voyagent à travers des sortes d’autoroutes de l’espace, des Gates, à l’imagerie à cheval
entre Stargate et Lost In Space.
Il en résulte un univers
crade, méchant, dangereux, mais aussi très coloré, très tranché. Le néant de l’espace,
les étendues désertiques, opposés aux colonies nichées dans des cratères et
terraformées. Rien n’est expliqué en détail, tout est visuellement sous entendu ;
un monde entier en quelques images.
Les personnages, c’est une autre affaire. On oscille entre fanservice et caricature, et pourtant on s’y retrouve, on accroche. Alors quand on dit Keanu Reeves dans le rôle de Spike Spiegel, laissez-moi rire (jaune)... La série est fortement occidentalisée, et on est loin des grands yeux et des dessins en SD. Même si c’est quand même présent ; quand il y a de l’humour, ou en tant que “comfort” après les scènes de “hurt” (whump) qui abondent. Au-delà de l’aspect physique, les personnages sont intéressants par leur passé, et par leurs différences. Tous les passagers du Bebop sont en somme des êtres à part, qui ont un lourd passé qu’ils veulent oublier, et qui sont différents des autres.
Chaque épisode, à travers les différentes poursuites de criminels dont la tête est mise à prix, est à chaque fois un moyen de dévoiler un peu plus de la géographie et de l’organisation de ce monde futuriste, mais aussi et surtout de dévoiler un peu plus au sujet des personnages. Et les épisodes les plus poignants sont sans doute ceux qui effleurent ce passé voilé, oublié, renié. Ce passé qui les bouffe et finira par tous les engloutir, qui donne cet aspect nostalgique à une série drôle, cet aspect sérieux et dramatique aux deux génériques, de début et de fin.
Parlons des génériques, parlons surtout de la musique. Outre
l’innovation du “western de science-fiction”, Cowboy Bebop c’est aussi un anime qui a totalement fusionné avec sa
musique. La musique n’est pas là pour l’ambiance, elle n’est pas là pour
souligner des sentiments, elle fait partie de la série à part entière. Les
combats sont orchestrés pour suivre la musique, les images, le rythme, s’accordent
avec celle-ci.
Les épisodes sont appelés “sessions”, comme si c’était à chaque
fois de petits concerts improvisés, entre personnages dissonants, les quatre
membres du Bebop, sur fond de partition futuriste, le monde que l’on découvre
au fur et à mesure.
Les titres sont des chansons, des reprises, des échos, on
est dans le jazz, le blues, le folk, on est dans une culture américaine style
année 50, à des années lumières de la SF représentée.
On devrait toujours regarder des années plus tard les séries qu’on a aimé étant gosse, ne serait-ce que pour, parfois, tomber sur des perles indémodables, impérissables, qui resteront toujours “futuristes”, quoi qu’on y fasse, et quel que soit le temps qui aura passé. C’est tellement plaisant.