Cosmopolis (ciné)

Aller voir un film cannois en plein festival, je savais que c'était risqué. Et ça n'a pas raté, c'était un beau merdier, un WTF orchestré, un film qui me donne envie d'employer le mot "intrinsèquement" sans aucune raison.

Mais putain que c'était jouissif.

Je vis par procuration, et un bon film bizarre, à mes yeux, c'est un film qui change temporairement ou de manière permanente votre propre vision du monde. On sort de là, et on sait plus où on habite, en bien ou en mal. On a perdu nos repères, les cartes ont été rebattues, redistribuées, voire jetées au vent.

C'était la tempête, mais de manière linéaire, propre et lente. La dichotomie silence de la voiture/chaos extérieur est à la fois superbe et horripilante, tout comme le jeu de Pattinson, éteint et vivant, fou et logique, acerbe et perdu. On sait pas sur quel pied danser, à un moment on a envie de rire du ridicule pompeux des dialogues, et au suivant on reste bouche bée parce qu'ils ont mis le doigt sur un truc.

C'est adapté d'un bouquin, et ça se sent, dans l'écriture ; c'est verbeux, à profusion. C'est pas un mal, pas un bien, c'est surprenant. J'ai pensé à du Palahniuk en moins fou, encore que, niveau folie ça se posait là. Les personnages sortis de nulle part venus faire avancer l'intrigue par touches de chaos successives, c'était à la fois répétitif et un peu nul, et en même temps vraiment chouette. Au final, je sais même pas si j'ai aimé, je sais juste que je suis contente de l'avoir vu.

Mention spéciale au responsable des sous-titres, qui a dû en chier violent - c'était à l'image du film, parfois génial, parfois ridicule, mais ça a aussi le mérite d'être.