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Nao-Asakura's world
25 juin 2007

Tempête

windthatshakesposter

"Ben ils sont aussi cons les uns que les autres." Pourquoi, papa, pourquoi ? Pourquoi tu me prouves toujours ce que je sais déjà et que je refuse d'admettre ? "C'est tout ce que ça t'évoque ?" Voilà ce que j'avais envie de te répondre tout à l'heure, quand tu as dit ça, alors que le générique du Vent se lève avait à peine commencé.

Alors, ça veut dire que Damien et tous les autres sont morts pour rien. Alors, ça veut dire qu'ils on lutté en vain. Alors, ça veut dire que les Palestiniens ont qu'à creuver ou se soumettre. C'est ça ? Ou peut être que j'ai mal compris, parce que tu ne sais pas parler et que moi je ne sais pas écouter.
Mais là je suis bouleversée. Parce que je suis idéaliste, et que je veux croire que ceux qui luttent pour la liberté sont de grands hommes, même si personne ne connaîtra jamais leur nom.

C'est vrai que ce film dénonce l'idiotie des luttes intestines entre l'IRA et les nationalistes irlandais, après la ratification pseudo démocratique du traité avec l'Angleterre *; c'est vrai qu'il fait le parallèle entre le comportement des soldats anglais et celui des nationalistes ensuite. Qu'il interroge sur la légitimité du combat, de part et d'autre. C'est vrai que tout cela est stupide, que des familles sont brisées, des enfants tués.
Mais c'est loin, très loin d'être tout. L'indépendance de l'Irlande n'est pas tombée du ciel, bon sang!


Mais reprenons depuis le début : The Wind That Shakes The Barley **, de Ken Loach, palme d'or du festival de Cannes... Moi je voulais le voir parce que j'aime l'Irlande et que j'aime les yeux de Cillian Murphy (cf. articles sur Sunshine). Toi... parce que tu regardes tout (et n'importe quoi).
Le film commence -- à vrai dire je ne m'attendais à rien de précis et je n'avais pas vraiment retenu de quoi ça parlait, depuis l'époque de Cannes --, tout en lenteur, en belles images. Irlande, 1920. je commence à tiquer. Arrivée musclée des soldats anglais, assassinat d'un jeune qui refusait de se soumettre à des brimades humiliantes.

Ok, on sait de suite où on se situe ; le parti pris est définitivement celui des irlandais, une vision à la fois historique et romancée de leur combat contre les Anglais, puis de la guerre civile, pour la liberté.
Le scénario, au départ classique -- faire voir des faits historiques à travers le regard du jeune médecin idéaliste alias Cillian Murphy qui est progressivement acquis à la cause de l'IRA -- prend toute sa force avec l'enchaînement des scènes, sans temps morts malgré un rythme tranquille, appuyé par des images marquantes et symboliques.

Et on comprend (je pensais qu'on comprenait... JE comprends) les raisons qui poussent tous ces hommes à risquer leurs vies et celles de leurs familles. La liberté.
Nous, on se rend pas compte, parce qu'on EST libres, et pourtant on (je) critique la France, le gouvernement, etc...
La liberté dans le film, c'est la magnificience des grands espaces. Les paysages irlandais, et le vent dans les herbes. Les chants en gaélique des résistants.

Cependant ce film fait aussi la part de tout ce qu'il y a d'ambigu, de problématique dans ce combat. Considérations matérielles et économiques face à la ferveur des idéologistes. Sentiment de manquer d'informations, petit maillon de la chaîne, informé par des messages apportés à vélo ou à cheval. Cruelles décisions.
D'accord, peut être que dans une certaines mesure on pourrait envisager que la "connerie" soit un des facteurs qui pousse tous ces gens à agir.

Mais je crois très sincèrement qu'entrent également en ligne de compte la volonté de résister, l'espoir. L'espoir qui résonne puissamment quand Damien cite un discours de James Connolly ***, éclairé par une bougie dans une cellule. L'espoir, c'est quand la moitié d'une église se vide face à des sermons nationalistes.
Je crois, j'espère que l'espoir et la détermination peuvent surpasser la bêtise humaine et la soumission à une solution tiède.

Il est minuit et je concluerai en disant que peut être je suis passée à côté de ce film. Peut être que ce qu'il siginifie en fait, avec sa façon d'évoquer à mots couverts beaucoup d'autres conflits semblables, c'est qu'ils sont "aussi cons les uns que les autres".
Mais dans ce cas, je n'ai plus beaucoup foi en l'humanité.

~ Shine, Cillian, shine!

* 1921, faisant de l'Irlande un dominion à autonomie interne.
** l'orge... en VF le Vent se lève
*** fondateur du parti républicain socialiste, assassiné.

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